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Elle fut scandaleuse ou provocante, la vie de Sidonie-Gabrielle
Colette, née en 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), morte à
Paris en 1954. «Son inaptitude, disait Cocteau, à départir le bien et
le mal» lui vient de sa mère, la célèbre et saisissante Sido qui lui
donne une éducation pour le moins anticonformiste. Sans Sido, on
ne peut pas comprendre le sensualisme de Colette, l'audace de ses
romans, sa bisexualité affichée, son goût pour l'insolite.
Mariée à 20 ans avec Henry Gauthier-Villars, dit Willy, esthète,
viveur, critique en vogue, Colette ne tarde pas à se faire connaître.
Elle a du talent à revendre et son appétit de vivre la pousse à tout
essayer. Tour à tour danseuse nue, actrice, journaliste, auteure des
Claudine que signe son mari, Colette lance les modes, revisite les
concepts - archaïques à ses yeux - du mariage, de la sexualité et de
la maternité qu'elle expérimente tard - à 40 ans. Ses aventures
homosexuelles avec Mathilde de Morny, Marguerite Moreno, la princesse
de Polignac, la Belle Otéro, son remariage avec Henry de
Jouvenel, sa liaison avec le fils de celui-ci nourrissent la chronique en
même temps que ses écrits. Sa vie sert la trame de ses romans, et son
oeuvre littéraire annonce l'autofiction de la littérature contemporaine.
A l'approche de la soixantaine, Colette épouse Maurice Goudeket
plus jeune qu'elle de quinze ans. Elle se soucie désormais de respectabilité
et termine ses jours à observer le monde de sa fenêtre du
Palais-Royal. A sa mort, la France, dans un hommage unanime, lui
offrira des funérailles nationales.
Claude Francis et Fernande Gontier n'ont rien retouché à cette
biographie parue il y a quelques années, et devenue aujourd'hui la
biographie de référence. Leur Colette est ambiguë, plus amorale,
plus complexe et plus géniale encore que la légende.