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Ils étaient 150 000, pour la plupart de très jeunes hommes. Ils étaient
peu - ou même pas du tout - informés sur les risques de la radioactivité.
Désinformés même. Telles ces recommandations remises
au personnel des essais par les autorités de la marine : «Une minute
et demi après l'explosion, les débris sont tous retombés et il n'y a
aucun danger provenant du rayonnement.» Les radiations retardées
? Elles sont «si faibles qu'elles ne constituent pas un danger.
Ne vous en occupez pas».
Naïfs ? Respectueux de la parole d'autorité ? Ils étaient fiers de participer
à cette grande aventure qui, leur disait-on, allait hisser la France
au niveau des plus grands. Et que de souvenirs allaient-ils rapporter
de cet immense désert saharien ou des îles paradisiaques du
Pacifique. «... On a beau savoir que la bombe est un objet de mort,
lorsqu'elle explosa, je fus fasciné par ce lever de soleil artificiel.»
Et on leur disait alors, comme on le répète encore officiellement aujourd'hui,
que ces bombes étaient «propres»... Quel mal pouvait
donc les frapper ? Ils ne l'apprendront - pour les plus chanceux -
que dix, vingt, trente ans plus tard quand les cancers et autres maladies
les atteindront.
Enfin, ils parlent, sortant du mutisme qui, sous prétexte de secret militaire,
les avait enfermés dans l'oubli. Enfin, ils se battent pour que
«vérité et justice» soient rendues aux victimes des essais nucléaires.