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On croit connaître le cardinal de Richelieu. Il
compte parmi les six ou sept figures de proue de
l'histoire de France, admiré, rarement aimé. On croit
le connaître, mais il est mal connu. Pour nos
contemporains, il reste l'homme rouge, le bourreau des
Grands, le personnage sévère, fourbe et sadique
imaginé à la suite des Trois Mousquetaires. On lui
attribue la victoire sur La Rochelle (ce qui est vrai) et la
conquête des frontières naturelles (ce qui est faux). On
lui attribue la victoire sur la maison d'Autriche (ce qui
est vrai), le culte d'une raison d'Etat cynique et la
laïcisation de la politique (ce qui est faux). Certains
livres érudits ont essayé de donner de Richelieu une
image améliorée et du coup embellissent leur héros ou
en font un homme pieux, un peu trop édifiant.
L'essai de François Bluche, qui privilégie l'homme à
travers l'oeuvre, fera découvrir un personnage plus
compliqué que sa légende, moins terrible - s'il n'est pas
toujours rassurant. Non dépourvu d'humanité, voire
d'humour. Le fondateur de l'académie française est
décidément autre chose qu'un politique sans pitié.