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Combien de carrières historiques sont dues au hasard de l'événement plus qu'à la volonté ou à la chance des individus ?
1789, par exemple, donnera à quantité d'hommes du peuple l'occasion de sortir du néant pour connaître la célébrité et la gloire.
Il en est ainsi de Bernadotte. Sans la Révolution française, ce brillant, généreux et courageux cadet de Gascogne aurait terminé à Pau ou à Paris une honorable carrière, entouré de l'estime de ses concitoyens...
La réalité de l'Histoire est beaucoup plus extravagante. Fils d'avoué, petit-fils de tailleur, engagé volontaire à dix-sept ans, rien ne prédestinait Jean-Baptiste Bernadotte à son étonnant destin : officier du roi, général de l'Empire, maréchal, conseiller d'Etat, ministre de la Guerre, ambassadeur, prince de Ponte Corvo...
Puis enfin et surtout roi de Suède, porté au trône par les Suédois eux-mêmes, et fondateur d'une dynastie qui, deux siècles plus tard, dure toujours.
Ce parcours historique, unique en son genre, suscite bien des interrogations. Comment devenir roi quand on naît roturier, sans grade, quand une révolution dévoreuse de rois fait de vous un général ? Comment devenir roi quand on a prononcé publiquement un serment de haine à la royauté ? Comment devenir roi de Suède quand on n'est pas Suédois mais Français ? Comment réussir ce paradoxe quand on est de plus Béarnais, bavard, exubérant, lyrique, mis soudainement à la tête de sujets plutôt froids et peu démonstratifs ?
Christian Bazin, se gardant de toute hagiographie, répond avec talent à toutes ces questions, et à bien d'autres encore...
