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On le sait, les attentes et les inquiétudes suscitées par le développement de l'Intelligence Artificielle sont immenses : révolution dans la culture du travail, dans l'organisation des sociétés, dans les techniques de contrôle social, etc.
De fait, il n'est pas aujourd'hui de domaine de la vie publique ou privée de chacun qui ne soit affecté par l'existence et l'efficience des machines «intelligentes». En retour, des projets toujours plus spectaculaires ne cessent de voir le jour tant aux Etats-Unis qu'au Japon ou en Europe.
Loin des prophéties hasardeuses, c'est à un salutaire, retour en arrière que nous invite ici V. Pratt. Parce que c'est de son histoire que l'Intelligence Artificielle tire ses pouvoirs présents et à venir, il convient de situer dans le long terme l'émergence de sa conception, et les balbutiements de ses réalisations.
Car l'idée d'I.A. apparaît tôt dans les sociétés modernes, au point de convergence de préoccupations pratiques urgentes (compter, calculer, mesurer, estimer...) et de recherches spéculatives plus abstraites (représentation de la pensée, de ses relations à la réalité, à Dieu et à ses propres œuvres...).
Si le développement de l'I.A. est bien un indicateur de modernité des cultures, alors la modernité possède une histoire longue qui se confond en partie avec celle de cette «pensée de la pensée» que sont la science des raisonnements, la logique et les techniques qui les matérialisent dans les différentes «machines» dont l'auteur retrace ici le devenir, de Neper, Pascal, Schickard et Leibniz à Babbage et Von Neumann.
