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La cause principale de la mort de la philosophie du droit se trouverait dans certains défauts intrinsèques de son expression traditionnelle. L'ouvrage d'Eduardo Silva-Romero vise à démontrer que, grâce à l'application de la philosophie proposée par Ludwig Wittgenstein dans le Tractatus logico-philosophicus et dans les Investigations philosophiques au domaine juridique, la philosophie du droit pourrait porter sur un nouvel objet et retrouver son importance perdue. En particulier, l'ouvrage, par le biais de sa division en «ce qui peut être dit clairement en philosophie du droit» et «ce qui ne peut pas être dit mais qui pourrait néanmoins être montré en philosophie du droit», vise à dissoudre trois illusions traditionnelles de la philosophie du droit.
Tout d'abord, le philosophe du droit ne saurait se placer en dehors du droit, c'est-à-dire du langage juridique. L'homme, en général, ne saurait être en dehors du langage. Tout métalangage destiné à clarifier le langage juridique induirait en erreur.
Le philosophe du droit, comme n'importe quel homme, souffrirait ensuite des limites de la condition humaine. Nul ne saurait exprimer, dès le langage juridique, l'origine et la fin du droit. Les jeux de langage sont limités, y compris les jeux de langage juridiques, et, par conséquent, sont incapables de tout exprimer. Il existe une part essentielle d'inexprimable, d'indicible, de silence en philosophie du droit.
Le philosophe du droit devrait enfin éviter, à tout prix, d'ériger son point de vue personnel, son propre langage, en paradigme. L'investigation en philosophie du droit devrait être dialectique et profiter de tous les points de vue que les acteurs du droit (législateurs, juges, arbitres, avocats, professeurs) défendent et développent.