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Ces dernières années, on s'est beaucoup préoccupé de réunir et montrer la peinture de Van Gogh. On a pris moins de peine pour relire le texte intégral des lettres et écrits du peintre.
Restituer au texte de Van Gogh sa force, sa mobilisation, c'est rendre compte des moments de la décision de peindre, de ses «actes». Les Fac-similés de la période française (1887-1890) et les reproductions des manuscrits permettent de suivre les enjeux de l'écriture d'un tel texte, ses effets et son coût...
La Lettre, au-delà du récit des anecdotes racontées par Van Gogh au jour le jour, s'y révèle le soutien du désir : de décision en décision, de coup de force en avancée technique, etc., c'est elle qui fait le lit de cette avancée du sujet de la peinture.
Van Gogh dans ce «travail» dépouille la gangue du «moi ordinaire», s'éloigne de la hantise de la mélancolie et de sa psychose - jusqu'au retour des voix (hallucinations) que la peinture - le scopique - avait soustraites à la parole, un temps.
L'œuvre picturale avait donc urgence et nécessité pour Van Gogh : celles de venir fonder le sujet d'un désir menacé de disparition. Elle lui a permis d'établir un pont entre les éléments de sa structure subjective.
Moyennant cette modalité (l'écriture et son forçage), l'œuvre supplée à la défaillance de la «fonction paternelle» ; en instaure l'équivalent. Le texte, à la lettre, avec ses effets dévastateurs, catastrophiques, répond de la question posée par les «poètes», reprise par Blanchot : «Qu'est-ce qu'une œuvre ?»