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Publier les quelque 450 acquisitions d'œuvres sur papier effectuées depuis cinq ans répond au moins à un devoir de gratitude vis-à-vis des artistes et des donateurs, et de courtoisie vis-à-vis du public : il est bien le destinataire de ces acquisitions, qui restent souvent trop secrètes et dont il n'a pu prendre connaissance que par quelques accrochages temporaires au sein du Musée.
Ces nouvelles acquisitions rendent compte de l'extraordinaire vitalité de l'expression graphique tout au long du siècle : depuis la formidable invention des «travaux sur papier», que sont les collages, les assemblages, les montages des cubistes, dadaïstes et surréalistes... jusqu'aux pratiques actuelles du dessin. Le support papier est redevenu pour beaucoup d'artistes contemporains un terrain d'expression pleinement original, choisi - à l'heure de l'éclatement des disciplines et de la sophistication technologique - pour sa simplicité, son immédiateté, sa modestie. Prendre le crayon ou le stylo permet à nouveau investigations et hésitations et ce, en toute légèreté, insouciance dogmatique, autonomie de propos.
Peut-être plus que tout autre collection muséale, la collection d'art graphique possède-t-elle le bénéfice d'un carnet de bord où se profile au plus près la forme fluctuante de notre temps, où s'expérimente une relation de séduction, où se tente et s'élabore une estimation critique : c'est-à-dire qu'elle serait le lieu même de mémoire, d'inscription et d'étude de notre époque, dont elle proposerait, par dessins, le portrait fragile, mobile, instable et multiple.
