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Du XIe au XIVe siècle, la Chrétienté médiévale fut traversée, des Balkans à la Champagne, de l'Italie et du Languedoc à la Flandre et à la Rhénanie, par un vaste courant religieux, plus ou moins organisé selon les lieux et les époques. L'histoire connaît cette hérésie sous le nom de catharisme. Ses adeptes imputaient la création du monde visible non point au «bon» Dieu, mais à un principe mauvais qui, en créant l'univers matériel, et le temps qui corrompt toute chair, a permis au mal de se manifester par la souffrance et par la mort.
Ils se proclamèrent chrétiens, mais le dualisme sur lequel reposait leur foi les fit accuser d'être de «nouveaux manichéens». Ce fut à ce titre qu'ils furent persécutés jusqu'à leur éradication complète.
On ne les a longtemps connus que par les écrits de leurs adversaires. Or la découverte de textes authentiquement cathares a permis d'avoir une vue plus juste des choses. C'est par le Nouveau Testament lui-même qu'ils justifiaient leur foi dualiste, en radicalisant, notamment, l'opposition qui s'y exprime entre le Monde d'ici-bas et le Royaume des Cieux.
Dans les cinq tomes de son Epopée cathare, puis dans la synthèse qui en parut en 1999, en un volume, chez Perrin (Histoire des cathares), Michel Roquebert a raconté, de «Croisade albigeoise» en Inquisition, le destin historique de cette minorité de chrétiens dissidents qui allèrent souvent au bûcher plutôt que de renier une foi qu'ils étaient convaincus tenir des Apôtres. C'est sur cette foi elle-même qu'il se penche aujourd'hui, comme sur les pratiques qui l'accompagnaient, en les comparant point par point à l'orthodoxie catholique.