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Vous «virez grave de chez Grave depuis que vous avez pacsé avec elle ?». C'est vous qui le dites ! Et si vous le dites de cette manière, c'est que vous parlez le 1999. A simple titre de comparaison, vous auriez exprimé la même réalité, mettons il y a une petite dizaine d'années en racontant que vous «n'intégrez plus rien depuis que vous gérez votre trip avec elle», et, voici une vingtaine d'années, vous auriez annoncé vaillamment que vous étiez décidément «accro total depuis qu'"elle" vous a pris la tête» (prendre la tête ne signifiant pas, alors : importuner, mais prendre le cœur). Bref, tout ça pour dire que vous êtes amoureux fou, à la colle, et que ça vous mange la vie !
Il y a aujourd'hui, c'est de plus en plus évident (et depuis une vingtaine d'années) un prêt-à-parler qui vit à son âge d'or. Comme il y eut, il n'y a pas si longtemps, un prêt-à-penser et comme il y a un prêt-à-porter. Il bouge et change de plus en plus vite au gré des modes à cause de l'immédiateté de la communication (télé tous azimuts, explosion des radios libres en 1981, et maintenant l'Internet en perspective...), tout en standardisant la façon de s'exprimer de tout un chacun. Ainsi, aujourd'hui, les précieux ne sont pas les seuls, loin de là, à utiliser les hypocrisies politiquement correctes, les politiques plus les seuls, loin de là, à parler la langue de bois, les banlieues plus les seules, loin de là, à jongler avec le verlan, etc. Résultat : on a l'impression, en gros, que tout le monde tend à causer comme tout le monde, au rythme effréné des modes langagières qui se succèdent et se recouvrent. Pourquoi, comment, et par la grâce de qui ? Inquiétant ? Seulement regrettable ? Grotesque ? Les trois ? Réponse dans ce «Prêt-à-parler» fourmillant d'exemples.
