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Hugo de Groot ou Grotius (1583-1645) fut «homme de loi, homme de foi, homme de lettres». Dans son œuvre prodigieuse, les De jure belli ac pacis libri tres occupent une place centrale.
Après s'être évadé de la forteresse de Loevestein où l'avaient conduit, lors des querelles politico-religieuses de Hollande, ses sympathies pour Jean de Barnevelt, Grotius, réfugié en France, rédigea les trois livres de son gros traité. L'ouvrage, dédié à Louis XIII, fut publié en 1625 à Paris ; il fut plusieurs fois réédité, en particulier à Amsterdam en 1646. Jean Barbeyrac en donna en 1724 une adaptation en langue française. La traduction de Paul Pradier-Fodéré, plus tardive (1867) est moins célèbre que le travail de Barbeyrac, mais elle a le mérite d'être beaucoup plus fidèle au texte latin de l'œuvre originelle.
Malgré le titre - emprunté au Pro Balbo de Cicéron - qu'il a donné à son traité du Droit de la guerre et de la paix, Grotius semble moins soucieux d'ouvrir la voie, comme on l'a souvent répété, au droit international moderne que d'inaugurer, par une révolution épistémologique, une science du droit systématique et rationnelle. A partir de l'exemple topique de la guerre, il en adosse l'édifice à une somptueuse axiomatique du «droit naturel», qu'il distingue du «droit volontaire» et conçoit comme le dictamen rationis que commande le principe de sociabilité. Sur cette base, le droit de la guerre peut - et doit - s'accomplir en droit de la paix.
La place de Grotius dans l'histoire de la pensée internationale comme dans celle de la pensée juridique en général apparaît aujourd'hui encore comme tout à fait éminente.
D. A. et S. G.-F.