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Le dopage tire son nom d'une boisson sud-africaine, la «dope», aux effets efficaces mais dangereux. Cette pratique, qui cherche un soutien artificiel dans la lutte, l'effort et la souffrance, a presque le même âge que l'humanité : de la magie du chasseur néandertalien aux croyances diététiques naïves de l'athlète grec, c'est toujours la même volonté de se surpasser par l'absorption de produits «miracles».
Mais aujourd'hui le dopage a pris de nouvelles formes, il est devenu un recours presque institutionnalisé dans le milieu du sport de compétition. Quels sont donc les secrets des coulisses de l'exploit ? Comment en sommes-nous arrivés à cette hypocrisie à laquelle chacun participe malgré lui, athlète, préparateur, mais aussi spectateur, journaliste sportif et annonceur publicitaire ?
«Plus vite, plus haut, plus fort», la devise olympique force à l'héroïsme. Dans les disciplines où le spectacle et l'argent ont corrompu les esprits, le recours aux recettes médicales déviées de leurs indications est systématique. L'hypertrophie inquiétante et soudaine, les déformations physiques, presque pathologiques, de quelques champions, hommes ou femmes, trahissent des préparations alambiquées qui ne peuvent plus être qualifiées de naturelles. Les records sont «extraterrestres», ils ne peuvent plus être battus sans augmenter artificiellement le rendement des sportifs, le cercle vicieux du dopage est inéluctable pour assurer le spectacle. Repousser les limites de la fatigue, gonfler le muscle et le suralimenter, tels sont alors les principes de base d'une alchimie bafouant les lois de la santé.
Mais la frontière est floue entre une saine préparation et l'astuce médicale. De même, le problème du dopage nous force à nous interroger sur nos propres tentations de nous surpasser. Quand commençons-nous à pactiser avec notre conscience ? Au premier café, à la première vitamine ? Il est des épreuves de la vie où notre volonté de réussite nous rapproche des professionnels du sport. Il faut gagner à tout prix, et les excitants n'effraient plus personne. Combien d'étudiants, de travailleurs acharnés, s'autorisent, sans scrupules, ce qui est interdit à un forçat du stade ? Où commence le dopage, où doit-il s'arrêter ? Quels sont les véritables dangers ? C'est en abordant des questions de ce type que cette enquête passionnante, traitant d'un sujet éminemment d'actualité, nous concerne tous, en définitive.
