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En 1897 fut inaugurée Belo Horizonte, nouvelle capitale de l'Etat de Minas Gerais, dans le Sud-Est du Brésil. Cet événement, au premier abord circonscrit, doit, en réalité, se lire comme un cas exemplaire d'appropriation de l'architecture européenne du 19e siècle. Inscrite dans les premiers débats sur la planification urbaine au Brésil, l'invention de Belo Horizonte participe en effet d'un discours international qui s'interroge sur les valeurs culturelles devant inspirer la conception des villes-capitales. Elle offre ainsi l'occasion de mettre en pratique l'idée d'une «ville raisonnée».
Cette naissance relève aussi d'une histoire sociale et intellectuelle des acteurs qui l'ont portée. Celle de l'ingénieur Aaräo Reis, formé à l'Ecole Polytechnique de Rio, à qui revient le tracé, où sont déclinées les traditions françaises des Lumières, du saint-simonisme et du positivisme ; de l'architecte José de Magalhäes, formé lui à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, qui conçoit les bâtiments officiels ; celle enfin des maîtres d'œuvre de la construction de la capitale. La mise en relation de leurs trajectoires et de leurs ressources sociales et culturelles avec leurs pratiques éclaire ainsi les choix de formes qui se sont cristallisés dans une ville-capitale de province.
Dans un siècle d'éclectisme, cette étude des conditions de la création d'une ville nous fait comprendre enfin, au plus près, ce qu'est un transfert de modèle culturel. Les déplacements des modèles urbanistiques et architecturaux - surtout français, mais aussi italiens - dans le contexte brésilien font saisir comment, d'associations complexes, de suggestions en apparence contradictoires, de programmes hétérogènes et retravaillés, a pu émerger une formule achevée de syncrétisme urbain.
