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À sa façon, selon un mode d'approche qui lui est propre, en traitant des
relations entre le syndicalisme enseignant et la recherche, cet ouvrage offre une
clé de lecture de l'actualité sociale, où les enseignants occupent la place que
l'on sait. Unilatéralement qualifiés de «gréviculteurs», jugés incapables
d'évoluer et d'accepter les réformes, les syndicats enseignants et les personnels
encore très nombreux qu'ils influencent ont en réalité élaboré des formes
originales de représentation, où la revendication, l'action, la défense des intérêts
s'entrecroisent avec une relation particulière au Savoir. Alors même que la
référence au Savoir fait partie de la «distinction» professorale, ce livre, qui
prend en considération les organisations syndicales majeures du monde de
l'enseignement, examine comment fonctionne cette référence dans une société
de plus en plus «cognitive» et en quoi elle assure ou non aux enseignants un
rapport privilégié à la recherche.
Parmi les diverses questions abordées : en quoi consiste la particularité du
syndicalisme enseignant et, au-delà de lui, des professions qu'il représente ?
Quel rapport particulier entretient-il avec l'univers de la Science et de la
Recherche ? Quel retentissement la nature éventuellement privilégiée de ce
rapport est-elle susceptible d'avoir sur le comportement des enseignants ?
Quels savoirs, quels concepts, issus de la recherche, plus spécialement en
sciences humaines et sociales, et en sciences de l'éducation font-ils l'objet
d'une appropriation et d'une diffusion par les syndicats enseignants ? Comment
et pourquoi, s'opèrent les choix de mettre en valeur tel concept, tel résultat
plutôt que tel autre ? Pour telle organisation, quels champs scientifiques et
quelles problématiques font-ils l'objet d'une promotion ? Quelles conséquences
peut-on en tirer relativement à l'évolution et à l'identité des syndicats ? Au total,
à travers ces questions, ce sont certains contours de l'identité enseignante
actuelle que cet ouvrage contribue à dessiner.
D'autres enjeux, épistémologiques ceux-là, se greffent sur les précédents. Ils
concernent la conception de la recherche elle-même et l'interrogation
contemporaine, particulièrement développée par la sociologie des sciences, sur
les clivages et les passages entre monde de la recherche et monde «profane».