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Attentive aux statistiques, absorbée par les problèmes de gestion de
flux, notre École oublie parfois ce qui la fonde : la transmission des
savoirs. Certes, les polémiques font rage sur la baisse du niveau ou
l'effondrement de l'autorité des maîtres, mais, paradoxalement, les questions
essentielles restent largement absentes : «Qu'est-ce qui fait qu'un
élève, à un moment donné, peut se mobiliser sur des savoirs ? Qu'est-ce
qui l'aide à se détourner des satisfactions immédiates et des sollicitations
marchandes pour se consacrer à des questions savantes et complexes ?
Quelles satisfactions peut-il y trouver ?»
Et ce n'est pas parce que ces interrogations nous conduisent vers des rivages
encore mystérieux qu'il faut, pour autant, s'en remettre à la pensée magique
ou se rabattre sur le fatalisme du «je n'y peux rien !».
L'ouvrage de Jean-Pierre Astolfi apporte, sur ces problèmes cruciaux, des
éclairages décisifs. Il montre que, loin de devoir édulcorer les savoirs
ou dissoudre les disciplines scolaires, l'École doit ouvrir chaque enfant
à une vision experte du monde. Ainsi, en faisant découvrir la jouissance
du comprendre, l'enseignant contribue tout autant à la construction des
connaissances qu'à celle du sujet et de la socialité.
Illustré de nombreux exemples concrets dans toutes les disciplines, mobilisant
les recherches les plus récentes, ce livre constitue tout à la fois un
outil précieux pour tous les enseignants et un magnifique éloge du métier
d'enseigner.
Philippe Meirieu