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La théorie du droit se divise actuellement en deux camps irréductibles, où s'affrontent stérilement des théories normatives et analytiques s'efforçant à préserver la positivité du droit conçu comme un système de régulation autonome, au détriment de son rapport constitutif avec la société, et des approches sociologiques admettant des imbrications entre les deux systèmes, mais inadaptées à rendre compte de l'autonomie propre du droit (le droit serait déterminé de l'extérieur par la société). La théorie de l'autopoïèse juridique, défendue par l'auteur, se propose de renouveler le débat en considérant le droit comme un système dont l'autonomie, susceptible de graduation, consisterait à reproduire, à l'intérieur du droit, un réseau communicationnel. Tout rapport entre le droit et la société, également autonomes et hypercycliquement refermés, devra alors passer par le mécanisme d'interférence inter-systémique.
Partant des idées d'Humberto Maturana, Heinz von Förster et Niklas Luhmann, Gunther Teubner explore les concepts d'autoréférentialité, d'auto-organisation et d'autopoïèse, afin de reformuler le rapport entre l'autoréférentialité et l'essence paradoxale du droit ainsi que les questions de la hiérarchie des sources juridiques, de la validité des normes, de l'indétermination moderne du droit, et enfin celle de l'unité du système juridique.