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«Je suis seul, là, à écrire, vous serez seul(e) à me lire».
C'est bien à un bouche à oreille, à une relation intense et secrète
que nous invite Hugues Liborel-Pochot. Tout au long des sept
nouvelles qui composent cet ouvrage bat un coeur puissant, exalté,
fasciné par le mystère d'être, un coeur chaud et charnu, un coeur
pétri à parts égales d'ombre et de lumière, un coeur créole.
Infiniment émouvante est sa voix, car elle se souvient des vieilles
douleurs, mais même dans la souffrance, même dans la nuit de
l'âme, elle ne cesse de chanter la vie.
L'ancien peuple esclave a conquis un pays, une langue, une dignité.
Hugues Liborel-Pochot ne dit pas explicitement cela - il conte des
histoires-poèmes - mais c'est cette pensée qui me vient dans le
silence d'après lecture. Et je suis heureux de me dire que ce même
peuple a aussi accouché d'un auteur droit et foisonnant comme un
arbre dans la moiteur lourde et pourtant vivace des Antilles. Un
auteur important, et je ne dis pas cela à la légère, car si ses racines
demeurent profondément ancrées dans sa Guadeloupe natale,
c'est au coeur battant des vivants qu'il parle, des vivants de partout,
de ces êtres pour qui rien de ce qui est humain n'est étranger.