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La crise morale, qui affecte nos sociétés, ne pouvait manquer de retentir sur l'Ecole... et la célèbre «leçon de morale» qui scellait jadis le pacte républicain est tombée aujourd'hui en désuétude. Pourtant, les enseignants et les éducateurs observent tous les jours le désarroi des jeunes et de leurs familles ; ils savent que l'école doit contribuer à restaurer un lien social dans une société de plus en plus divisée, qu'elle a une fonction éducative et qu'elle ne peut instruire efficacement les élèves si un certain nombre d'attitudes morales ne sont pas construites, si une «éthique de la communication» n'est pas mise en place dans la classe.
Les auteurs de cet ouvrage croient que l'éthique d'une société s'enracine d'abord dans sa langue, dont l'expression, dans tout ce qu'elle porte d'exigence et d'humanité, pourrait bien être le contrepoids nécessaire à la technicisation de notre monde. Par le travail sur le langage, par une véritable éducation de la parole, on pourra éviter le triomphe de l'«homme-machine» et de l'«âme mécanique», qui serait aussi la défaite de toute morale et de toute éthique.
C'est ainsi que ce livre s'interroge sur les moyens qui permettent à un enfant, à un adolescent, à un adulte d'habiter vraiment sa langue et sa culture : il s'agit d'«ouvrir la parole», de permettre l'accès à un univers mental symbolique par lequel l'individu construit ses propres repères et se trouve simultanément lié à autrui.
Pour cela, les auteurs, qui travaillent depuis de nombreuses années avec des enseignants de l'école primaire, du collège et du lycée, suggèrent ici des moyens concrets, s'appuyant sur leurs recherches et d'innombrables expériences, tant françaises que canadiennes. Ils proposent ainsi les outils nécessaires pour permettre de construire une nécessaire «didactique de la parole» qui devrait aider tous les enseignants et éducateurs à accompagner les jeunes tout au long d'un chemin difficile qui va de la culture reçue à la culture créée, de la violence au partage.
