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Comme l'avait bien vu Condorcet, « l'accroissement mécanique du savoir » ne suffit pas à promouvoir le développement scientifique et des sociétés. Encore faut-il que ce savoir soit partagé, qu'il soit accessible aux citoyens. C'est la tâche des différentes institutions d'éducation et de formation de divulguer ce savoir, mais aussi celle de la presse dite de vulgarisation et celle des chercheurs et autres experts.
On s'attachera à décrire et analyser cet effort de Vulgarisation et plus largement d'éducation scientifique, dont Jules Verne, Jules Hetzel et Jean Macé ont été les instigateurs au XIXe siècle, sans pour autant méconnaître les difficultés.
Comment rendre possible l'édification d'une culture scientifique véritable dans l'éclatement des savoirs et des spécialités qui marquent l'encyclopédie contemporaine ? Quelles opérations de traduction nécessite la divulgation de problématiques scientifiques ou de résultats auprès du grand public ? Comment prendre en compte, en retour, les préoccupations, les questionnements, les interpellations des citoyens concernant l'impact des sciences et des techniques sur la société ? Ne doit-on pas tendre vers une co-définition des objets de recherche par les chercheurs et les citoyens ?
En marge de cette volonté de diffusion des connaissances, il existe des mécanismes plus ou moins subtils, plus ou moins intentionnels, plus ou moins explicites, par lesquels les différentes spécialités scientifiques, les différentes professions, les différentes instances politiques ou économiques protègent leurs secrets et leurs pouvoirs. Repérer et analyser ces formes plus ou moins conscientes et plus ou moins cachées de confiscation du savoir s'avère une tâche démocratiquement salutaire. Mais, faut-il vraiment tout dire au citoyen au risque de susciter incompréhension, malentendu et même espoirs ou craintes irrationnelles ? Si le partage du savoir relève sans aucun doute du « principe de responsabilité », ne doit-il pas obéir, lui aussi, à une sorte de « principe de précaution » ?
Philippe Mustière et Michel Fabre, après avoir organisé un colloque qui a réuni, en octobre 2005, à l'Ecole Centrale de Nantes, 40 conférenciers venus du monde entier, sur le thème « Jules Verne, les machines et la science », ont réitéré en janvier 2008, en créant une série de colloques internationaux « Les rencontres Jules Verne », reposant tous les deux ans la question de la vulgarisation scientifique, du discours et des questions sur la science.