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« Nantes la Rouge » a été fidèle à sa réputation, jouant même un rôle important dans l'agitation de 1968. Les étudiants nantais, donnent en effet le ton dès mai 1967. Et déclenchent, sans forcément le prévoir, une véritable insurrection à l'issue d'une action violente, mais pavante, le 13 mai 1968 à la préfecture.
Les ouvriers, nerveux depuis des mois, réagissent immédiatement : le lendemain, ceux de Sud-Aviation, à Bouguenais, décident l'occupation et retiennent leur direction. C'est la première usine occupée de France.
L'effet est contagieux, Renault suit, tout s'accélère, le pays est paralysé, on compte bientôt près de 10 millions de grévistes... Un drôle de printemps. Avec son lot de pavés extraits du cours des Cinquante-Otages, ses barricades dressées à la préfecture, ses manifestations gigantesques, la foule place du Commerce, les meetings à la Duchesse-Anne, les interminables forums nocturnes place Graslin, au coeur d'une ville en fièvre où l'on parle « rêve-olution », où flottent les drapeaux rouges sur le toit des usines et sur les grues du port, où marchent ensemble ouvriers, étudiants et paysans. La place Royale s'appelle alors « Place du Peuple ». C'est peut-être ce qui explique cette envie de faire revivre ces moments enfouis, d'en retracer les grandes lignes, au fil des jours, d'aller voir d'un peu plus près cette plage annoncée sous les pavés.