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Créée à la Comédie-Française en 1703, Cornélie, mère des
Gracques, deuxième tragédie de Marie-Anne Barbier, la
femme dramaturge la plus importante du dernier tiers du
règne de Louis XIV, est une pièce remarquable par la
nouveauté de son sujet, car jamais auparavant la lutte des
Gracques contre le Sénat romain n'avait été portée à la
scène. En érigeant la célèbre mère des tribuns en héroïne
éloquente qui dénonce l'iniquité des Grands et se bat pour
les droits du peuple, Marie-Anne Barbier politise de façon
audacieuse une des «femmes illustres» les plus exemplaires
de l'Antiquité. Fidèle aux conventions du genre, ce drame
politique et «cornélien» est en même temps une pathétique
tragédie amoureuse, centrée sur un couple de jeunes amants
- le fils de Cornélie et la fille du consul Opimius - que
séparent le devoir familial et un destin impénétrable. Pour
dramatiser et infléchir le récit de Plutarque (médiatisé en
l'occurrence par un texte apocryphe de Saint-Réal), Marie-Anne
Barbier n'hésite pas à «réécrire» certains chefs-d'oeuvre
de Corneille et de Racine, nous entraînant ainsi
dans un jeu d'échos caractéristique de la tragédie post-racinienne.
Le texte de Cornélie, mère des Gracques est ici accompagné
d'une riche annotation historique et intertextuelle et
précédé d'une introduction substantielle sur la vie et
l'oeuvre de Marie-Anne Barbier. En appendice sont donnés
une bibliographie ainsi qu'un choix de documents sur sa
réception au XVIIIe siècle.