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Fils de peintre, Jean Tardieu a humé dès l'enfance «la bonne
odeur de l'huile et des couleurs». Sa vie entière, qui coïncide
avec le XXe siècle (1903-1995), a été «ponctuée d'images» : de
ses premiers poèmes en prose sur des peintres jusqu'à ses toutes
dernières publications, il a multiplié les approches du fait
artistique, en particulier de la peinture. D'abord inspiré par les
maîtres du passé, il se tourne ensuite vers ses contemporains,
bien souvent ses amis (Pol Bury, Jean Bazaine, Max Ernst ou
Hans Hartung par exemple), dont il commente ou transpose les
oeuvres, et avec lesquels il élabore non seulement de très beaux
livres, mais encore des oeuvres d'une forme plus inattendue,
comme la Rotonde du Palais Bourbon, réalisée en étroite
complicité avec Pierre Alechinsky.
Si les tableaux ont été à la source de son écriture poétique,
celle-ci, à son tour, est à l'origine d'oeuvres plastiques qui lui
répondent. Le rapport entre Jean Tardieu et les artistes est
fondé sur cette réciprocité : une création partagée.
Originale et diverse, la quête menée par Jean Tardieu dans
ce domaine est en même temps exemplaire d'une démarche
commune à nombre d'auteurs au XXe siècle : ses «poèmes
traduits des arts» rendent particulièrement perceptible une
double approche de ce champ d'investigation poétique, qui
attire le tableau dans le poème - peinture à lire, ou le poème
vers le tableau - poésie à voir.
L'ouvrage de Frédérique Martin-Scherrer retrace cet
itinéraire poétique placé sous le signe de l'attachement à
l'oeuvre du père, le peintre Victor Tardieu, et de l'amitié des
plus grands peintres contemporains dont une centaine
d'oeuvres est ici reproduite.