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L'histoire démographique du genre humain débuta il y a 2,8 millions d'années. Pour
la première fois, avec le tranchant d'un galet aménagé, des primates sont sortis d'une
exploitation essentiellement passive de l'environnement pour une exploitation active,
potentiellement capable d'augmenter le nombre de bouches à nourrir au km2, grâce à des
manipulations culturelles. Dès lors, population et innovation technologique ont entretenu
une relation où la taille de la population a agi sur la technologie et la technologie a
aiguillonné la population pendant 2,8 millions d'années. Mais une nouveauté est en train
d'émerger. Alors que la productivité de l'économie ne cesse d'augmenter, la fécondité
des êtres humains s'effondre. L'économie semble avoir débrayé du moteur primaire de la
démographie pour aller en roue libre. Vers quelle destinée l'intensification économique
pousse-t-elle les êtres humains alors que le talon de fer de la pression démographique
à l'horizon 2070 décline ? Les données historiques manquent de recul pour tester les
théories démographiques en compétition. Il faut faire appel à la Préhistoire.
Comment reconstruire l'histoire démographique des êtres humains depuis l'origine ? Les
sources d'information de la paléodémographie sont représentées par les squelettes des
nécropoles, des distributions spatio-temporelles de vestiges archéologiques, d'industries
lithiques, de sites, de dates C14, des vestiges d'installation, du camp à la ville et, peut-être,
de marqueurs génétiques. Plutôt que d'un ensemble de techniques consensuelles, reposant
sur des données bien répertoriées d'une discipline déjà constituée, la paléodémographie
se présente comme une approche de données biologiques et archéologiques éclectiques.