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Guerilleros, milicos, bandidos, narcos : l'image de l'Amérique latine s'identifie souvent à la violence, au carrefour de la politique et du crime.
Au fil des décennies, la perception de cette violence a changé de nature et de visage : révolutionnaire dans les années 1960 avec Castro, militaire dans les années 1970 avec Pinochet, paramilitaire et mafieuse dans les années 1980 avec Roberto d'Aubuisson ou Carlos Castaño, elle s'est transformée, lors de la dernière décennie du XXe siècle et au début du XXIe, en règne de la grande délinquance avec Pablo Escobar ou les Zetas.
En quelques années, les pays latino-américains sont passés de la « délinquance des dictatures » à la « dictature de la délinquance » et l'appel à la mano dura et à l'homme fort semble fermer la boucle infernale dans laquelle le continent est happé.
La violence occupe le quotidien et menace de remettre en cause le processus de démocratisation latino-américain.
Ce règne de la délinquance a été préparé par les fractures sociales, politiques ou ethniques traditionnelles, qui ont été exacerbées par les régimes militaires, les guerres civiles et les politiques économiques inspirées du Consensus de Washington (libéralisation, privatisation, libre-échange).
La criminalité se mélange aussi aux luttes pour le pouvoir politique que se livrent les guérilleros, les milices d'extrême droite ou les armées privées des narcos, elles-mêmes imbriquées au sein des forces de sécurité largement inefficaces, brutales et corrompues.
La criminalité latino-américaine gagne aussi le reste du monde. Elle s'exporte, se globalise, au travers des gangs de maras qui font la navette entre l'Amérique centrale et les États-Unis ou des cartels de la drogue mexicains qui commercent avec la 'Ndrangheta calabraise ou la mafia russe.
Ce livre est une plongée dans un continent qui n'a pas apprivoisé la violence, mais qui a créé des géographies urbaines, des comportements sociaux et des modes de fonctionnement économique et politiques adaptés au règne de la délinquance.
Paradoxalement, en effet, la délinquance sape l'économie, mais elle en est aussi l'un des leviers. Malgré tout, des usines s'installent le long de la frontière mexicaine et le Brésil se présente comme une puissance globale, prochain hôte du Mundial de football et des Jeux olympiques....