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Un bar de luxe florissant. A l'abri des clients, on y prépare une fête d'anniversaire pour Papa, ex-patron, aujourd'hui infirme après un accident qui lui a fait perdre une bonne partie de ses moyens. Une belle occasion de brosser, à travers le fouillis des bleus au coeur de chacun, un portrait d'une société singulière. Eva a les cheveux verts et veut la lune ; Jerry va la lui offrir... sous une forme pour le moins inattendue. Tom débarque sous un jour que la famille ignorait. Lou est rationnel et noir de peau, ce qui ne lui pose en principe aucun problème. Jackie, la serveuse, est une délurée qui sait ce qu'elle veut mais se contente pour l'instant de ce qu'elle a. Il n'y a que Lola qui reste égale à elle-même, une femme de tête... du moins en apparence. Bref, il manque des chaises pour la fête... mais il manque aussi et surtout beaucoup à chacun pour mener une vraie vie dans un monde où le sexe et la mort ne sont que marchandises.
Jackie : Ça ne va pas ?
Eva : Non. On a des tas de choses en nous, des tas de choses à dire, mais dans quel ordre ? Et à qui ? Et comment ? Comment faire comprendre à quelqu'un - un garçon par exemple - qu'on n'est pas n'importe qui, qu'on se pose des questions ?
Jackie : Savoir d'où on vient et où on va, par exemple.
Eva : Je me fous de savoir d'où on vient et où on va, je veux juste qu'on sache que je suis là, que j'existe. C'est une position assez rationnelle, je crois. Lola dit souvent que la vie doit être rationnelle ; sinon elle devient vite un trou noir, et tu es aspirée dans ce trou noir, tu tourbillonnes dans la névrose.
Jackie : Sauf si tu accèdes au plan supérieur !
Eva : Oui. Evidemment !... Qu'est-ce que tu veux dire ?
