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Titre d'un ouvrage fondateur de Norbert Élias, la notion de
«Procès de Civilisation» est entrée depuis une trentaine d'années
dans la boîte à outils des sciences sociales.
Paradoxalement c'est au moment où cette notion, ainsi que les
concepts et la lecture du social qui l'accompagnent, connaissent
une indéniable consécration que les objections critiques se
multiplient.
Est-il possible, est-il même sérieux de suggérer l'idée d'un
mouvement vers la civilisation, comme régression de la violence,
renforcement des autocontrôles chez les humains, dans un
siècle marqué par le génocide des Juifs d'Europe, les horreurs
du Cambodge et du Rwanda ? Et sur un registre moins tragique,
est-il convaincant de vanter la puissance inédite de
contraintes intériorisées dans une époque associée à la libération
des moeurs, à une expression moins corsetée des affects,
aux sports et expériences «extrêmes» ?
C'est à ces questions que s'attachent onze contributions
issues du colloque «Questions au procès de Civilisation»
(Rennes, 2000). Elles donnent la parole à des chercheurs qui
ont directement travaillé avec Élias et rendent accessible à un
public francophone un espace de débat largement inédit. Elles
se confrontent au grand défi que posent à l'analyse d'Élias les
génocides du XXe siècle. Elles suggèrent, à travers un ensemble
d'études originales (de la littérature gore aux concerts rock, via
la «privatisation» du politique) ce que pourraient être les
traits d'une étape plus «informelle» de la dynamique civilisatrice.
C'est donc une oeuvre essentielle de la sociologie moderne
qui est ainsi actualisée.