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Bath n'est pas seulement un joyau de l'histoire urbaine britannique, mais un lieu emprunt d'une patine singulière : on ne sait s'il est typique ou éternel. Les lecteurs de Jane Austen ont plaisir à suivre ses héroïnes dans les rues qu'elle fréquenta jadis, tandis que les amoureux d'architecture succombent au charme de ses squares et de ses crescents.
La conversion de cette petite cité provinciale en grande ville d'eau, perle incontestée de la société mondaine au XVIIIe siècle, a été maintes fois décrite. Par contre, les considérables transformations dont elle a été le théâtre au XXe siècle n'ont été, jusqu'à présent, ni étudiées, ni pensées.
La ville a pourtant été chamboulée sans aucun ménagement. Des quartiers entiers ont été démolis car jugés hâtivement insalubres. Ce chef-d'œuvre de l'architecture anglaise a ainsi perdu plus de deux mille maisons, aplaties par les bulldozers entre 1945 et 1970. Enorme hécatombe ! Et l'on se félicitait des projets de l'urbaniste Patrick Abercrombie, qui ne visait pas moins qu'à la destruction d'une grande partie du centre historique.
Fût-elle exceptionnelle, une ville n'est donc par un monument intemporel ni immobile. Elle est au contraire la résultante de multiples enjeux, d'affrontements entre des intérêts opposés et des conceptions divergentes.
Pour comprendre la manière dont se constitue progressivement le sentiment d'un héritage architectural à préserver, l'histoire récente de Bath est un cas d'école passionnant. Le livre de Robin Lambert intéressera d'autant plus le lecteur français qu'il y découvrira à quel point la France et l'Angleterre ont constitué leurs idéologies et leurs pratiques patrimoniales dans des directions différentes et selon des chronologies décalées.
