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«Je n'ai jamais cru que les rois fussent dispensés
de l'obligation commune des pères, qui est
d'instruire leurs enfants par l'exemple et par
le conseil.» À l'apogée d'un règne encore jeune,
Louis XIV commence à dicter une série de Mémoires
pour l'instruction de son fils, le Grand Dauphin. En
1714, le maréchal de Noailles sauvera quelques-uns de
ces papiers du feu où le Roi-Soleil voulait les jeter. Les
Mémoires donnent un éclairage de premier ordre sur la
personnalité du roi et sur son action au début de son
règne. Sa relation des années 1661, 1662, 1666, 1667
et 1668 délivre à son héritier un message qu'aucune
autre lecture n'aurait pu lui apporter : la somme de
ses expériences, en premier lieu les révoltes et les
trahisons de la Fronde. Habitué aux «malicieux
artifices des hommes», Louis est sans illusion sur
l'humaine nature. Il sait à quel point l'aiguillon de
l'intérêt est un maître impérieux pour tous ceux qui
l'entourent. D'une maîtrise de soi sans cesse en éveil,
de la tâche quotidienne du partage des emplois et de
la distribution des grâces, il a tiré une connaissance
aiguë des ressorts de l'âme humaine, une compréhension
subtile des rouages du gouvernement et de
la diplomatie. Le Roi-Soleil se révèle, dans ce traité
magistral, le meilleur professeur du métier de roi.