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Le mystère du Graal a fait couler beaucoup
d'encre, depuis qu'aux XIIe et XIIIe siècles,
plusieurs romanciers ont imaginé les
aventures de cette quête chevaleresque.
Chrétien de Troyes, Robert de Boron,
Wolfram von Eschenbach sont les plus référents.
Les chevaliers de la Table Ronde partis
à la recherche du Saint Calice et du Saint
Sang, la reine Guenièvre, le roi Arthur, l'enchanteur
Merlin... Nous les connaissons
tous, sans avoir aucunement lu les textes
d'origine, d'un abord difficile, ici totalement
décryptés.
Empruntant aux traditions païennes, à
l'histoire des Celtes, les romanciers du Graal
sont des mystificateurs. D'ailleurs le Graal
est tantôt le calice du Saint Sang du
Christ recueilli au pied de la Croix, tantôt
la Coupe de la Cène, parfois une hostie
consacrée, également, enfin, une pierre
tombée du ciel !
Alors que le monde chrétien doute après la déroute du Hattin de 1187 qui a entraîné
la perte de Jérusalem, les romans du Graal surgissent opportunément. Ils constituent
un hymne à cette chevalerie qui véhicule des valeurs chrétiennes essentielles : la loyauté,
l'honneur, la prouesse, la largesse. Totalement imaginaires, les exploits des chevaliers
du Graal constituent une défense et une illustration de la société féodale.
Mythe arthurien et culte du Graal poursuivent également d'autres réalités et interfèrent
dans l'affrontement sans merci des Capétiens et des Plantagenêts. Très opportunément,
les souverains anglais érigent Arthur en rival de Charlemagne et mettent à jour, véritable
supercherie, la tombe du roi Arthur. Quant à la course aux reliques que toute cette
créativité littéraire déclenche, elle prête à sourire lorsque l'on sait que trois cités prétendent,
ensemble, détenir la Sainte Lance...
Au fond, le Vase de la Cène ou l'Ecuelle de la Crucifixion constituent des concepts
métaphysiques diffusant les idéaux de la société féodale. Et permettent à l'Eglise et à
Innocent III de reprendre le monde chrétien en main en 1215, au IVe concile de
Latran, en figeant les dogmes.
Comme l'auteur le démontre, l'aventure du Graal tient autant du mythe que de
la propagande.