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La radio a été dès sa naissance un «enfant nomade» capable de franchir
aussi bien les obstacles matériels que les frontières nationales, culturelles et
sociales. Apparue dans un contexte de bouleversements politiques et de crises
de la pensée, elle a été investie très tôt des espoirs de nombre d'intellectuels
qui aspiraient à transformer la société en renouvelant la matière et les formes
littéraires et en renouant avec la tradition perdue de l'oralité. Ces premières
approches utopistes furent rapidement anéanties, les pouvoirs politiques s'emparant
du nouveau média pour en faire un instrument de propagande décisif
dans le conflit qui les opposa jusqu'en 1945. L'après-guerre tenta de renouer
avec les expériences des années vingt et trente et de rendre la radio à sa mission
universelle et humaniste.
Malgré le rôle important qu'elle a joué dans l'histoire politique, culturelle
et sociale du XXe siècle, la radio n'a guère été prise en compte à ce jour par
la recherche universitaire française. En Allemagne, où sa place dans la vie
publique a été encore plus décisive, la création radiophonique a acquis depuis
longtemps ses lettres de noblesse et suscité une réflexion théorique de haut
niveau.
Cet ouvrage réunit onze études de germanistes, comparatistes, historiens
et professionnels de la radio qui ont abordé sous différents angles la question
de la fonction «nomade» de la radio dans l'espace européen au XXe siècle, à
partir du point de vue allemand. Les essais ont été regroupés selon trois axes
méthodologiques : fonctions transculturelles, transmédiatiques et socio-politiques
de la radio.