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On dit souvent que la mort est le dernier
tabou. Il n'en a pas toujours été ainsi.
Durant des siècles, des institutions relt
gieuses, en majorité catholiques, construisirent
des ossuaires et des charniers
décorés qui demeurent des chefs d'oeuvre
d'un art créé à l'aide d'ossements humains.
Car, dans le monde moderne, occidental,
nous avons fini par considérer la mort comme
une frontière. Depuis les Lumières, comme
l'a montré Jean Baudrillard, nous avons suivi
une évolution au cours de laquelle «la mort a
peu à peu cessé d'exister».
Les nombreux sites photographiés de manière
spectaculaire par l'auteur de cette étude brillante
et originale comprennent entre autres le
monastère de Santa Maria della Grazie à
Palerme, où les vivants rendaient visite à des
dépouilles momifiés ou squelettiques et les
habillaient, les Catacombes de Paris - l'empire
de la mort -, les crânes peints de Salzhourg et
de fantastiques créations incrustées d'ossements
en Allemagne, Autriche, Bolivie, Égypte,
Espagne, Grèce, Pérou, Slovaquie, Suisse et
ailleurs. Dans chacun de ces endroits la mort
est vue comme un nouveau commencement :
«La mort forme les portes du temps et ouvre
celles de l'éternité». Ce que nous appelons un
memento mori était également un memento vitae.
Commençant par étudier le fétichisme des
ossements dans l'Antiquité, Paul Koudounaris
analyse avec brio le rôle de ces remarquables
mémoriaux au sein des cultures qui
les ont créées ainsi que les mythologies et
les folklores qu'ils ont suscités. Ce livre
traite d'un sujet négligé par la recherche universitaire
et susceptible pourtant d'avoir de
profondes résonances auprès d'un large public.