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Je me souviens qu'on voyait passer des vaches matin et soir, rue Ballu,
je me souviens du square Montholon, qui résonnait des rires d'enfants,
je me souviens du Rex transformé en Soldatenkino sous l'Occupation,
je me souviens de la jolie charcutière de la rue Pigalle, bavardant en patois avec les Alsaciens du quartier,
je me souviens que la rue Pigalle, où les règlements de comptes étaient fréquents dans les années cinquante, était surnommée le "boulevard des allongés",
je me souviens du Café Fritz, où les diamantaires échangeaient poignées de mains, beaux cailloux et gros billets,
je me souviens que mon gentil voisin ne s'appelait pas encore Johnny Hallyday,
je me souviens de la devise de l'épicier de la rue Lamartine promettant que "les clients Heratchian vivent plus longtemps",
je me souviens des machinistes du Palais-Garnier, pêchant la truite dans le "lac" de l'Opéra,
je me souviens de la fête foraine, deux fois l'an sur les boulevards, qui présentait, entre autres attractions, "la femme tombée de la planète Mars",
je me souviens du "marché aux musiciens" de la place Pigalle, où les chefs d'orchestre recrutaient pour les bals du week-end,
je me souviens...
du 9e arrondissement
