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Quand David Kalonymos aborda l'écrivain Agnes Desmoulin pour lui conter l'histoire de ses ancêtres, elle le prit pour un mythomane. Si, au temps de Charlemagne, il y avait eu un royaume juif à Narbonne, cela se saurait, les livres d'histoire en parleraient.
Justement ils n'en parlent pas. Pas plus que de l'autre royaume juif qui, à la même époque, entre IXe et XIIe siècle, rayonna à l'autre bout du monde : l'Empire des Khazars, si puissant que, lorsque l'empereur de Byzance envoyait une lettre au roi des Khazars, il y faisait apposer un sceau valant trois sous d'or, alors que deux sous d'or suffisaient pour Charlemagne ou pour le calife de Bagdad.
Epouse du premier roi Juif de Narbonne, nièce d'Isaac le rhadanite que Charlemagne dépêcha à Bagdad en qualité d'ambassadeur, Judith est l'héroïne flamboyante de cette fresque historique où les péripéties amoureuses et les espérances messianiques incitent aux voyages les plus périlleux. La jeune reine affrontera les mers pour aller au royaume des Khazars où pourrait s'accomplir la prophétie d'Elie.
Ce roman historique met aussi en évidence le rôle, trop souvent oublié, joué par les grands marchands juifs dans la transmission des cultures et des savoirs. Et que dire de la contribution des Khazars, comme des Juifs de Narbonne, au façonnage géopolitique de l'Occident, face au mouvement de tenaille amorcé par l'islam simultanément au sud des Pyrénées et du Caucase !
Douze siècles plus tard, la même partie avec les mêmes enjeux se rejoue sous nos yeux. C'est la force de cette épopée historique d'éveiller en nous des résonances contemporaines sur la condition féminine et l'amour, comme sur l'intolérance religieuse ou l'ouverture aux autres.
