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A Madagascar, une rupture avec les politiques forestières léguées
par le colonisateur apparaît souhaitable non seulement pour
satisfaire aux impératifs universels de la justice environnementale,
mais aussi en raison des particularismes induits par le droit
coutumier. Pour les décideurs internationaux du champ de la conservation,
il s'agit de reconnaître les usages ancestraux des ressources naturelles, afin
de permettre une gestion durable et de freiner la colonisation par les pionniers
fondateurs des ultimes frontières forestières.
Dans cet ouvrage, l'auteur appréhende la complexité et la richesse d'une
problématique où les discours légitimant les pratiques sociales inspirées
par un ethos autochtone font feu de tout bois. Les études de cas, axées sur
l'appropriation des terres agricoles et l'organisation des marchés ruraux
de charbon de bois, présentent les multiples figures de la déforestation à
Madagascar. Le droit coutumier, l'usage «traditionnel», la législation forestière
et les injonctions des communautés épistémiques internationales sont
invoqués par les «gens du lieu». Le défrichage des forêts par une mosaïque
de groupes ou d'acteurs reçoit ainsi des justifications polymorphes.
En s'interrogeant sur les présupposés culturels qui informent les approches
participatives de «restitution de la parole» aux acteurs locaux, l'ouvrage
cherche à clarifier les interdépendances complexes qui caractérisent la
reproduction et la transformation du droit coutumier par les sociétés rurales.
Il montre que l'action publique environnementale repose sur une vision
légaliste et résolument constructiviste, qui sous-estime la continuité des
droits traditionnels de Madagascar.