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Depuis le début des années 90, le traitement judiciaire des usagers de drogues, figures cibles
des politiques pénales et sécuritaires belges et européennes, s'est profondément modifié.
Cette transformation constitue le point de départ de cet ouvrage qui s'attache à en mettre
en lumière l'ambiguïté déduite d'un double mouvement. D'une part, des procédures pénales
dites «alternatives» placent l'usager de drogues au centre d'un régime marqué par des formes
de négociation et de subjectivation ; d'autre part, l'on applique à ce même usager des procédés
bio-technologiques - comme le recours accru aux tests toxicologiques - qui semblent, eux,
davantage relever d'une logique d'objectivation et de pure contrainte.
Cet ouvrage propose une lecture originale des conséquences de cette association subjectivation/objectivation
tant sur la trajectoire judiciaire des usagers de drogues que sur leur appréhension
de la justice pénale. En effet, le point de vue adopté sera celui des usagers rencontrés
et interrogés dans le cadre d'une recherche empirique explorant également l'activité des
instances policières et judiciaires.
Les aspects relatifs à cette expérience des usagers illustrent le fonctionnement actuel de la
justice pénale, ses transformations, mais aussi ses dysfonctionnements et ses paradoxes. La
complexité, l'opacité de la procédure judicaire, le rôle ambigu de ses acteurs, la difficulté de
mettre en place les conditions d'une véritable communication entre les professionnels et le
justiciable sont ici éclairés par la présentation du point de vue des consommateurs de drogues,
mais également la mise à plat de leurs trajectoires, de leurs stratégies et de leur représentation
de la justice.
La thèse dont est tirée cet ouvrage a reçu en mai 2004 le prix Fernand Boulan attribué par l'Association internationale
des criminologues de langue française.