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Tous les individus, et parmi eux les enseignants, les élèves et
leurs parents, sont soucieux de justifier leurs actes au regard
de critères de justice. Ceux qui estiment être traités avec
injustice - presque le tiers des élèves - mais aussi ceux qui
pensent traiter les autres avec injustice, en éprouvent des
conséquences multiples et graves. Les recherches convergent
vers ce constat. On les trouvera ici présentées par quelques-uns
des meilleurs spécialistes parmi lesquels L. Bègue et C.
Dalbert pour la psychologie sociale, F. Dubet pour la sociologie,
A. Trannoy pour l'économie.
Comment, alors, expliquer que les sentiments d'injustice
soient si prégnants, si fréquents, à l'école en particulier ? Ce
livre apporte des réponses, venues de disciplines différentes
et de recherches récentes. L'une est que la force même du
besoin de justice se traduit par la négation d'injustices réelles
ou par le fait d'en rendre les victimes responsables. Une
autre est que tous les acteurs n'ont pas les mêmes représentations
de ce qui est juste. Par exemple, les enseignants se
soucient surtout d'impartialité, tandis que les élèves se
soucient davantage d'être traités avec «respect». En fait,
autre leçon des recherches présentées ici, les élèves, comme
leurs enseignants, mobilisent une combinaison de plusieurs
critères pour juger de la justice d'une situation. Le mérite ne
suffit pas, d'autant que tous les acteurs de l'école sont bien
conscients que ce critère est souvent bafoué dans la pratique.
Des questions scientifiques se posent alors, par exemple comprendre
pourquoi ceux qui ont le mieux réussi l'école sont
plutôt moins persuadés que les autres que l'école récompense
vraiment le mérite. Se posent aussi des questions politiques
ou pédagogiques. Comment diminuer le nombre
d'élèves qui se sentent traités avec injustice à l'école ?
Comment mettre le besoin de justice au service de la justice
de l'école ?