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Si l'investissement est le moteur de la croissance et de l'emploi dans une économie
de marché assurant efficacement sa fonction endogène de mécanisme dominant
de répartition des ressources rares, il est incapable, comme le marché
lui-même, de créer par sa logique propre la demande nécessaire au plein usage des
moyens de production, la garantie du droit de propriété, la sauvegarde d'une
concurrence saine, ou encore, un bien-être général adossé à des salaires décents.
Notion essentiellement économique, l'investissement est contemplé en priorité
comme une activité de professionnels privés de la finance, du commerce et de l'industrie
et par cela vouée par nature à procurer des profits. Ceux générés par les
biens de capitaux mis à la disposition d'une entreprise commerciale ou industrielle,
ou opportunément tirés de l'achat d'actions et certificats partiels, d'obligations
d'emprunt, ou même, hors système boursier, de la négociation de titres
sous forme de cessions directes. C'est la confiscation économique de la notion et
par suite la relégation du droit dans la construction du concept qui expliquent
pour une part essentielle les insoutenables dérives des pratiques d'investissement
actuelles et la grave crise économique et financière qui en est la sanction.
Convaincre bien avant la crise de la nécessité de jeter les bases d'une réflexion
utile à la construction du concept juridique d'investissement ne pouvait être
chose aisée. L'équipe de l'Institut de Recherches sur les Contrats et
Investissements Lourds (IRCIL) de l'Université de Reims s'y est néanmoins attachée.
La mise en ordre des différentes approches disciplinaires en est un premier
pas. Limité et prudent sans doute, mais sûrement orienté dans la bonne direction.