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Depuis la fin du vingtième siècle, le dialogue très diplomatique entre juges est
devenu le nouveau mot d'ordre de la construction d'une interdépendance
stratégique entre hautes juridictions en Europe. Aujourd'hui, la problématique
de la mise en relation entre cours européennes et cours nationales soulève de
nombreuses questions juridiques et politiques, en particulier autour des
rapports entre droit, légitimité et souveraineté. Alors que, traditionnellement, les
liens entre juges nationaux et juges supranationaux sont analysés séparément
selon la juridiction européenne considérée, le présent ouvrage étudie ces interactions
d'un point de vue comparatif. Au moment où les différents ordres juridiques
se chevauchent et s'imbriquent de manière croissante en Europe,
l'étude aborde les liens entre la Cour de Justice de l'Union européenne, la Cour
européenne des droits de l'homme et les hautes juridictions nationales sous
leurs multiples facettes, en ce compris le rapport triangulaire plus rarement mis
en évidence par les études sur les institutions juridictionnelles dans l'espace
européen. Des témoignages de praticiens de ces hautes instances viennent
enrichir les analyses académiques et révèlent que, loin d'être automatique,
cette mutation de la pratique du droit en Europe est le fruit de nombreuses
mobilisations en réseau de la part d'une communauté de juristes ayant un
impact considérable sur la construction politique de l'Europe. Réalisé par une
équipe de juristes et de politologues, cet ouvrage collectif soutient l'hypothèse
que les juges des «cours d'Europe» sont devenus les principaux acteurs d'un
régime constitutionnel transnational qui se distingue non pas par une évolution
linéaire de la «fragmentation» à l'«unité», mais par un rapport fondamentalement
ouvert, caractérisé avant tout par la concomitance de relations de coopération
mais aussi de concurrence ou de conflictualité entre des ordres
juridiques de plus en plus interdépendants.