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L'ethnodéveloppement, objectif censé permettre le développement adapté et maîtrisé
des peuples autochtones, est intrinsèquement ambivalent. D'une part, ces
peuples veulent préserver et perpétuer leurs spécificités. D'autre part, ils doivent de
plus en plus s'intégrer au monde «moderne» afin de se donner les moyens de cette
perpétuation. Par ailleurs, si le droit de l'ethnodéveloppement se situe au carrefour
du droit des peuples et du droit du développement durable, ces deux branches du
droit - déjà hétérogènes en soi - peuvent parfois être radicalement incompatibles.
La marge de manoeuvre des Autochtones pour mener à bien leur développement
propre dans le cadre du développement durable n'en est que moins facilement
appréhensible.
À travers une analyse exhaustive du droit international et du droit national de sept
États amazoniens (Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Pérou, Venezuela et
Guyane française), autant que dans une démarche d'anthropologie juridique, cet
ouvrage poursuit deux objectifs. Il s'interroge sur la teneur réelle des droits
reconnus au profit des communautés autochtones en ce qui concerne leurs terres et
ressources naturelles, leur autonomie et participation dans les processus décisionnels,
leur articulation aux réseaux économiques, l'utilisation de leurs pratiques et
connaissances environnementales, et la mise en oeuvre de leurs conceptions juridiques
propres. Parallèlement, dans un souci d'empirisme et d'effectivité, il
esquisse une méthodologie permettant d'établir, en fonction des conditions de terrain,
la mesure et les modalités de la participation des Autochtones à l'élaboration
et à l'application des normes locales de gestion des ressources naturelles.