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Alors que l'Europe évolue vers un nouvel équilibre, le moment paraît propice pour rouvrir le dossier de l'alliance franco-russe. L'accord, paraphé en 1894, était destiné à prévenir la guerre. La négociation, des plus ardues, en avait été mouvementée. Peu de protagonistes y survécurent. Vingt années durant, il a permis d'éviter un conflit majeur, jusqu'à ce que survienne l'attentat de Sarajevo, et qu'en vertu de l'impondérable, s'engagent les hostilités tant redoutées. Une fois la Russie disparue dans les bouleversements qui défigurèrent la carte de l'Europe, on accusa l'alliance de tous les maux. Pourtant, elle avait été conclue par des gens raisonnables et attachés à la cause de leurs pays, tout au plus trop confiants dans la valeur des "chiffons de papier".
Des documents originaux éclairent la lente gestation de cet engagement. Ils mettent aussi en lumière quelques-uns des épisodes, hauts en couleur, qui l'illustrèrent. Citons, à Paris, les hésitations de la classe politique, portée à protéger les réfugiés politiques, voire aussi les terroristes ; en Russie, les rivalités entre un clan de slavophiles, qui veut l'alliance, celui des Baltes, plus porté à la prudence, enfin, dans les coulisses, celui des Danois, qui mijote le projet d'un mariage d'Orléans pour le futur Nicolas II.
