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Formes et figures du goût chinois dans les anciens Pays-Bas

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L'histoire de la chinoiserie est celle d'une ambition économique qui chercha à
donner une nouvelle extension, maritime, aux anciennes routes de la soie afin de
capter au profit des nombreuses Compagnies des Indes orientales, créées à cet
effet, une partie des parts de marché qu'impliquait ce commerce avec l'Extrême-Orient.
Ainsi envahirent l'Europe une foule de «produits de lachine» - porcelaines,
textiles, laques, objets de luxe - dont la possession a le plus souvent été
un marqueur de distinction sociale. Le développement de la chinoiserie et du
goût chinois au XVIIIe siècle est un phénomène européen, qui s'inscrit dans la
dynamique même instaurée par la Pensée des Lumières, où l'on détecte un
courant utopique fondé à la fois sur l'idée de la reconstitution d'un Éden perdu,
et sur celle d'une communauté politique et sociale restaurée. Sur le plan stylistique,
l'influence de la Chine s'est trouvée en phase avec les grandes tendances
du goût régnant entre 1720-1770, dominé par la confusion des figures et de
l'ornement ; les effets de surface dus à la découverte de matières nouvelles
comme la porcelaine et la laque ; et l'imbrication des formes. Il est clair que
l'appropriation du goût chinois en Europe s'est exprimée à travers une démarche
dont il convient d'apprécier le caractère subversif, puisque l'art rocaille apparaît
incontestablement comme une tentative de mettre entre parenthèses certains
des principes de la représentation classique. Le déni du système perspectif, le
refus d'utilisation du système proportionnel des ordres, l'expérimentation systématique
de l'asymétrie, de fréquentes propositions pour des compositions non
centrées, comme la légitimité reconnue à des variations non proportionnelles
d'échelle sont autant d'éléments qui participent à la proposition d'un système de
composition alternatif au système classique.
Devant l'impossibilité évidente de proposer ici un aperçu complet de cette
histoire d'influences, d'appropriations et de réinterprétations, les éditeurs ont
choisi de privilégier certains pans de cette histoire, moins récemment investigués
ou laissés parfois en friche. Ils ont pris l'option de centrer ce volume sur
deux axes particuliers : privilégier, d'une part, l'étude des vecteurs de transmission
de cette séduction ainsi que l'appréciation de la manière dont ces agents
ont contribué à «colorer» les éléments transmis ; et attirer, d'autre part,
l'attention sur l'intérêt et la qualité, souvent mésestimés, des «chinoiseries»
réalisées dans nos régions au XVIIIe siècle.
Des questionnements fondamentaux sont ici esquissés : sur le degré d'extension
du concept (par rapport, notamment, à l'expression littéraire) ; sur le degré
d'adéquation de ses formes et de ses expressions par rapport à la réalité chinoise ;
sur la place occupée par la chinoiserie dans le discours et la culture globale des
Lumières, sur les agents de la diffusion - en particulier les missionnaires - et les
modalités de celle-ci. Dans les Pays-Bas méridionaux (1715-1792), la chinoiserie
et le goût chinois ont beaucoup contribué à créer, dans les habitudes de vie et
l'environnement familier des classes aristocratiques, une sociabilité élégante et
distinguée. En ce sens, l'architecture pavillonnaire des jardins anglo-chinois - à
Kew comme à Potsdam ou à Drottningholm par exemple, ou, dans les Pays-Bas
méridionaux, à Enghien, Beloeil ou Boekenberg -, matérialise des lieux de plaisance,
voire de «libertinage» - au sens intellectuel - liés à de nouvelles formes
de sensibilité, et même à de nouvelles formes de pensée, axées sur la discontinuité,
la diversité et l'esthétique du fragment. Mais, surtout, au-delà, dans un
pays d'étendue réduite, de tradition intellectuelle relativement conformiste, elle
a incontestablement constitué un élément d'ouverture vers le mouvement des
Lumières, et elle a sans aucun doute contribué à forger la prescience d'une certaine
forme de cosmopolitisme et d'appréciation de l'altérité.

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