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Les Instituts du travail, aujourd'hui au nombre de onze, ont été créés à partir de 1955, dans un contexte de grandes réformes sociales en faveur du monde du travail, à l'initiative d'universitaires, juristes et économistes, avec le soutien du ministère du Travail.
Véritables laboratoires de pédagogie, mis en place à un moment où les syndicats étaient considérés, par beaucoup de réformateurs, comme les sujets de l'histoire, ces instituts devaient délivrer une formation " émancipatrice " aux syndicalistes et les former aux tâches de représentation dans les différentes instances de concertation et de négociation. Comment une institution universitaire aussi hétéronome par son statut, ses règles de fonctionnement, a-t-elle pu répondre à ce double objectif en respectant les spécificités de la CFTC/CFDT de la CGT et de la CGT FO ? Comment a-t-elle pu concilier, au quotidien et dans la longue durée, les savoirs universitaires et les savoirs d'expérience éprouvés dans l'action ? Comment a-t-elle pu résister et s'ajuster aux évolutions de l'université et du syndicalisme ? Quelles missions ces instituts, qui ont formé des générations de syndicalistes, remplissent-ils dans le vaste marché de la formation qui s'est développé au cours de ces trente dernières années ? A posteriori, cette institution apparat, comme beaucoup d'autres, résulter de cette convergence équivoque d'intérêts et d'actions qui permettent la réalisation de véritables réformes.
Son histoire est analysée ici comme un chapitre de l'histoire sociale de la France de ce dernier demi-siècle. Elle fait ressortir l'action de certains réformateurs, souvent issus de milieux chrétiens, en matière de changements dans les relations sociales du travail, au moyen de la formation.
