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Symbole d'une magistrature novatrice au cours des années 1970-1980,
la justice des mineurs a pris de plein fouet la perte de crédibilité
de l'approche éducative et la demande sociale de répression à
l'égard des mineurs. Elle se voit aussi remise en question par la
décentralisation qui organise le transfert plus ou moins avoué de la
protection judiciaire de l'enfance aux conseils généraux. Elle
n'échappe pas non plus au mouvement de balancier qui pousse certains
professionnels de l'enfance à abuser d'un recours incantatoire
à la «Justice» et à la «Loi» quand d'autres vilipendent les juges
des enfants et les textes de loi en vigueur. La pression est montée de
toute part et il est devenu urgent de réagir.
L'objet de cet ouvrage n'est pas de protéger l'avenir professionnel
du juge des enfants mais de revendiquer la mission qu'assume la
justice des mineurs dans l'apprentissage de la loi pénale et dans la
transmission des règles fondamentales que sont l'interdit de l'inceste
et l'interdit de la violence, enjeux de société de première
importance.
Faire vivre ce va-et-vient entre la violence, l'émotion, la réflexion et
la décision judiciaire est essentiel pour que chacun mesure ce que
représenterait pour les enfants un repli de l'institution judiciaire sur
ses seules fonctions classiques : la répression et l'arbitrage des
conflits. L'auteur a choisi pour cela d'intégrer à sa réflexion de
nombreux extraits des dossiers. Ils donnent à entendre les mots que
les enfants et les parents mettent sur les expériences extrêmes qu'ils
ont pu vivre, et montrent leur cheminement commun avec le juge
des enfants tout au long des audiences successives.
A distance des procès largement médiatisés, les citoyens sont ici
invités à pénétrer dans l'atelier d'un juge des enfants et à découvrir
comment celui-ci peut rendre la justice auprès d'enfants en danger
ou d'adolescents délinquants.