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Le Tristan en prose, roman du XIIIe siècle, présente le
personnage du chevalier errant comme le modèle à suivre.
Cependant, il introduit également un nombre considérable de
personnages de rois dont les caractéristiques et les fonctions son
dégagées dans cette étude. Les personnages royaux appartiennent
aux «matières» les plus diverses de la littérature médiévale : les
versions en vers du Tristan, le cycle de Lancelot-Graal, la matière
épique et même l'historiographie. Les rois apparaissent dans le
Tristan en prose en accomplissant parfois de nouveaux rôles et ils
sont par ailleurs présentés comme des faire-valoir du chevalier,
garants de la justice et de la chevalerie.
Mais à cause de cette multiplication, on ne peut se référer à une
seule et unique représentation du roi dans ce roman. En effet, au-delà
de ces personnages qui ne possèdent de roi que le titre, le
roman introduit des personnages surprenants qui mettent en
question le rôle même du roi, et d'autres qui ne font que le
confirmer. Ainsi, Arthur redevient un roi plutôt actif, à mi-chemin
entre les images que donnent de lui Wace et Chrétien de Troyes.
Tandis que Marc, ébauche d'un personnage moderne, se présente
comme le symbole de l'esthétique de la réécriture à lui seul,
autrement dit de ce qui représente l'innovation du Tristan. Arthur
et Marc peuvent ainsi être vus comme les deux faces opposées d'une
même médaille. Cela montre la visée totalisante que son auteur se
donne comme enjeu : il s'agit d'une démarche d'amplification
narrative qui cherche à envelopper tous les éléments romanesques
possibles, privilégiant le procédé de la réécriture.