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Pour La Bruyère, le jeu trouverait son origine dans l'incapacité de l'homme
à rester seul. De fait le statut du jeu est paradoxal. D'une part, jouer c'est se
situer en dehors des règles et contraintes qui encadrent la vie quotidienne.
Mais, d'autre part, tous les jeux se conjuguent avec le «Vivre ensemble». Les
jeux disent la société en même temps que la société dit les hommes. C'est dire
que tout jeu fait partie d'un complexe plus étendu et n'existe jamais comme
fait isolé.
Le Moyen Âge a beaucoup joué, même si les témoignages restent souvent
discrets et peu abondants. De fait, c'est une véritable invasion ludique qui
semble caractériser cette période. À travers cet ensemble de vingt-six articles
ce sont toutes les grandes catégories de jeux médiévaux qui sont successivement
parcourus. Ce sont les échecs, le «roi des jeux et jeu des rois», avec une
attention toute particulière apportée au Livre du jeu d'échecs du dominicain
Jacques de Cessoles. Ce sont les jeux de hasard avec le jeu de dés, omniprésent
en dépit d'un imposant arsenal répressif forgé par les autorités civiles ou
ecclésiastiques. Plus tardivement ce sont les jeux de cartes dont le succès
s'explique à la fois par des progrès techniques et par la combinaison de hasard
et de la réflexion. Ce sont enfin les jeux sportifs, en tête desquels le jeu de
paume affirme sa place croissante.
Les jeux sont à la fois un miroir de la société et une mémoire de cette
société. Ils sont porteurs de mille et une interprétations qui, toutes, touchent
au vécu des hommes, qu'il s'agisse du pouvoir, des croyances, de l'éducation,
de l'amour, du travail, du loisir, en un mot de la vie et de la mort.
Incontestablement, le savant néerlandais J. Huizinga avait raison : «Tout
jeu signifie quelque chose».