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La tradition culturelle qui réduit le siècle des Lumières à un
champ de bataille où s'opposent les philosophes éclairés et les
théologiens attardés est maintenant définitivement discréditée.
Un effort d'analyse approfondie et de contextualisation précise
s'impose désormais, un effort auquel cet ouvrage apporte une
contribution majeure. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, érudits, théologiens
et libertins interrogent la nature et les fondements des religions
et de leurs mystères. Le mythographe commente les fables
antiques, le théologien médite les prophéties bibliques, le libre
penseur dénonce l'imposture et la crédulité des disciples. Tous
s'interrogent sur la manière dont la littérature sacrée et profane
peut, au moyen de l'allégorie, à la fois voiler et dévoiler des mystères
ineffables ou des vérités ésotériques. On sait que le siècle
des Lumières fut celui du triomphe de l'histoire sur l'allégorie,
mais on connaît moins la contribution de la critique anti-allégorique
à la critique antichrétienne. La thèse de Sébastien Drouin
ouvre les horizons sur cette question : il précise la notion d'exégèse
allégorique et définit son statut dans l'apologétique classique
; il souligne l'influence de Grotius, la part des Pères de
l'Église dans la Querelle des Anciens et des Modernes et l'importance
des «Lumières religieuses», avant d'évaluer la critique philosophique
de la typologie biblique. Érudits prestigieux et obscurs,
théologiens catholiques et protestants, philosophes illustres
et philosophes clandestins : cette thèse d'une érudition remarquable
ne néglige aucune source.