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Ce livre est tiré d'une thèse. Il retrace la destinée posthume du général byzantin Bélisaire (ca 500-565) dans la littérature et les arts, d'Orient en Occident, du VIe siècle à nos jours.
Première synthèse jamais réalisée sur le thème, ce travail détermine les phases successives de caractérisation d'une allégorie morale qui présente un paradoxe, son « complexe » en somme, i.e. l'échec d'un personnage constamment illustre et malheureux, qui fut obsédé par son devoir jusqu'à se laisser réduire à l'impuissance. Toujours présent dans les oeuvres et l'imaginaire de la civilisation occidentale, il est aussi éternellement oublié. Partie de l'utilisation qu'en fit le Siècle des lumières, cette étude a révélé l'histoire d'une figure qui fait corps avec les métamorphoses de Byzance, et qui peut finalement être définie comme une image complexe du discours éthique qui n'a jamais su fixer un récit définitif qui aille au-delà de ses représentations. La somme des documents ici rassemblés montre que si Bélisaire n'a pas accédé au rang d'un grand mythe permanent, il n'en est pas moins l'un des incontournables passeurs d'une culture européenne qui réinvente continuellement ses citations.
« Ce que j'ai fait peut être effacé de la mémoire de la Cour ; il ne le sera point de la mémoire des hommes ; et quand il le serait, je m'en souviens, et c'est assez. » Marmontel, Bélisaire, 1767, chap. I.
