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Plus que des êtres soumis à la métamorphose, les poèmes d'Ovide exhibent des créatures hybrides, formes définitives ou parfois encore indécises d'êtres qui ne sont ni tout à fait humains, ni tout à fait végétaux, minéraux ou animaux. La notion d'hybride tient précisément à cette alliance exceptionnelle entre deux espèces, dont la mise en scène ne va pas sans contrarier un certain nombre de critères esthétiques préconisés par bien des théoriciens au nom d'une définition unitaire du beau. L'alliance de l'humain avec le minéral, l'arbre ou la bête apparaît donc comme une transgression des codes et bénéficie de surcroît chez ce poète d'un langage exceptionnellement affiné, propre à dire l'harmonie dans la dualité. Cette virtuosité d'expression est indissociable de toute une réflexion sur l'imaginaire, que ne manquent pas de retenir les fervents admirateurs d'Ovide à travers les siècles, qu'ils soient poètes, romanciers ou maîtres dans l'art figuré.
Les études réunies dans cet ouvrage, issues de communications présentées lors d'un Colloque international réunissant des spécialistes de poésie latine, de littérature comparée et d'art figuré, explorent les diverses implications de l'esthétique ovidienne : les auteurs envisagent l'écriture poétique d'Ovide, au sein du contexte littéraire et culturel qui est le sien, et ils s'interrogent sur la signification symbolique de ces figures hybrides, emblèmes de mélanges génériques ou vecteurs de réflexion philosophique. Plus encore, ils révèlent la fortune de ce concept à travers les âges, qui dépasse largement les limites de la poésie antique, pour féconder des terrains aussi divers que ceux de la littérature chrétienne, humaniste, classique et moderne, parcourant les siècles et les genres : de Jean Second à Ransmayr, de l'art kitsch à Claudel, l'hybride ovidien rejaillit dans toute sa diversité et dans sa richesse infinie.
