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Laurent Angliviel de La Beaumelle a vécu une vie passionnante. Parti à dix-sept ans de ses Cévennes natales, obscur, riche seulement de dons et d'ambitions, il mourut à Paris « homme de lettres attaché à la Bibliothèque du Roi ». Il connut Genève, la cité de Calvin, Copenhague, le Berlin de Frédéric II et de Voltaire, Paris avec ses philosophes, ses salons et sa Bastille, Amsterdam et ses libraires, et Toulouse, la ville de Jean Calas. Il fut précepteur dans une grande famille danoise, professeur de langue et de belles-lettres françaises au Danemark, journaliste, polémiste, écrivain à succès, éditeur, avocat, seigneur de village. Il était partout reçu dans les salons en vogue et chez les grands de ce monde ; il correspondait avec les rois, les princes, les ministres, les ambassadeurs, il fréquenta presque tous les grands esprits du XVIIIe siècle. Il connut la gloire et les succès littéraires, la fortune et les honneurs, mais aussi la gêne, des affaires retentissantes et la Bastille par deux fois. S'il excita contre lui des haines, il s'attacha des amitiés aussi fidèles qu'illustres, comme celles de Lalande, de La Condamine, de Maupertuis, qui comptaient parmi les plus grands savants du temps, sans oublier l'auteur de L'Esprit des Lois, Montesquieu. Mais l'originalité de la personnalité de La Beaumelle, le passionnant déroulement de sa carrière, la qualité, l'abondance, et la diversité de son oeuvre, se sont trouvés rapidement éclipsés par l'éclat de sa querelle avec Voltaire. La Beaumelle s'y révéla un champion redoutable et il ne fut pas vaincu sur le champ de bataille.
