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Oedipe, drame en trois actes et en prose d'André Gide, n'a pas été publié depuis 1978. La dernière édition courante a été faite chez Gallimard en 1947. Parue dans la revue Commerce à la fin de l'année 1930, la pièce apporte une pierre de fondation non négligeable, quoique souvent méconnue, au théâtre mythologique français de la première moitié du XXe siècle. Oeuvre elliptique et brève, Oedipe fascine par ses riches variantes et son audace.
Elle occupe une position exceptionnelle au sein de l'oeuvre gidien, illustrant la difficulté à créer après les Faux-monnayeurs et la recherche d'une parole testamentaire, qui l'unit au récit Thésée (1946). Gide joue avec la tradition et son interprétation personnelle, en faisant de son héros un porte parole ambigu. Dédiée au marxiste Bernard Groethuysen, l'oeuvre met en place un débat d'idées chères à Gide sur le peuple et le progrès de l'humanité. Oedipe ouvre des fenêtres caustiques sur l'actualité, la société, la psychanalyse et sa propre écriture.
Mêlant comique, tragique et lyrisme, Oedipe innove sur tous les plans, surtout là où le public contemporain ne l'attendait pas : dans la forme quasi fragmentaire, la violence satirique, le heurt des registres, les jeux allusifs, la démythification et la spécularité qui font d'elle une oeuvre critique, parente de la sotie et du traité tels que les concevait Gide.
Des documents sur l'histoire des représentations font vivre le texte dans l'esprit du lecteur moderne et portent témoignage sur de grandes mises en scène : celles de Georges Pitoëff, Gustav Hartung et Jean Vilar.
